Coming-Out – Comment bien recueillir la parole ?

Coming-Out: Zwei Menschen umarmen sich
(Image : Priscilla Du Preez/Unsplash)

Le 11 octobre est le Coming Out Day – une journée durant laquelle les personnes de la communauté LGBTQIA+ sont encouragées à fièrement “sortir du placard” et à créer ainsi de la visibilité autour de ce thème. Mais le coming out n’est généralement pas chose facile : faire son coming out est un grand pas qui demande beaucoup d’énergie et qui peut parfois faire peur. Malheureusement, en 2023, les personnes queer sont toujours exposées au rejet, à l’incompréhension et à la haine, et faire son coming out peut, dans le pire des cas, mettre sa vie en danger. Mais même les réactions bien intentionnées peuvent manquer leur cible, blesser ou déstabiliser.

“De nos jours, personne ne devrait avoir à faire son coming out, c’est tout à fait normal” est par exemple une phrase que de nombreuses personnes queer ne veulent plus entendre. Même si elle est censée exprimer le soutien et la tolérance, cette phrase a tendance à occulter la réalité actuelle dans laquelle faire son coming out ne va pas toujours de soi.
Bien sûr, dans un monde idéal, les différentes orientations sexuelles et identités de genre seraient effectivement normalisées et ne feraient plus parler d’elles. Mais le monde n’est pas un endroit parfait, surtout pour les personnes qui évoluent en dehors des normes supposées. Si nous voulons faire du monde un endroit meilleur, nous devons absolument reconnaître ces différences pour pouvoir cibler nos revendications. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de créer un safe space dans lequel les personnes queer pourront faire leur coming out – et peut-être qu’un jour, elles n’auront plus à le faire du tout.

Définition du coming out

Avant de parler de la bonne manière de réagir, il convient de définir brièvement ce que signifie réellement un coming-out. Car pour beaucoup, ce terme désigne un moment ou une phase : la période pendant laquelle les personnes queer parlent de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre à leur entourage. Autrement dit, qu’elles ne sont pas hétérosexuelles ou cisgenre – contrairement à la norme sociale. Un coming-out, c’est pourtant plus que ce moment de révélation, c’est plutôt un processus. Ainsi, dans la vie des personnes queer, il y a toujours de nouveaux coming-out, de nouvelles manières de considérer sa queerness.

Mais comment réagir de manière adaptée lorsqu’une personne de ton entourage fait son coming out ? Cela dépend bien sûr de chaque personne, mais il y a tout de même quelques choses à faire et à ne pas faire qui peuvent t’aider. En règle générale, il ne faut pas simplement faire preuve de tolérance, mais aussi faire preuve de respect et d’empathie. Écoute attentivement pour comprendre plutôt que pour répondre et montre de l’intérêt sans dépasser les limites.

À faire

“Merci pour ta confiance”

Lorsqu’une personne queer fait son coming out auprès de toi – surtout s’il s’agit de son premier coming out – c’est une grande preuve de confiance. Montre que tu apprécies cela et confirme à la personne qu’elle peut te parler ouvertement.

“Je peux faire quelque chose pour toi ?”

Peut-être que la personne se sent-elle simplement soulagée après son coming-out et n’a besoin de rien ou bien au comtraire a-t-elle besoin d’un soutien émotionnel et d’un gros câlin ? Pour en être sûr·e, demande et montre ainsi ton soutien.

“Tu veux en parler davantage ?”

Faire son coming out peut être excitant pour toutes les personnes concernées. Mais avant d’assaillir ton interlocuteur·ice de questions, tends l’oreille. Est-ce que la personne a envie de parler davantage du sujet sur le moment ou préfère-t-elle en parler plus tard ou peut-être dans un autre cadre ?

“À qui en as-tu déjà parlé ?”

Renseigne-toi sur les personnes qui sont déjà au courant pour ne pas l’outer par erreur sans son consentement. Demande également s’il y a des personnes qui ne doivent en aucun cas être au courant de l’outing.

“Je t’avoue que je ne sais pas bien comment réagir”

Un coming-out surprenant peut être une source de stress. Tu ne sais pas comment gérer au mieux l’information en ce moment et tu ne veux pas réagir de manière erronée ? Tu peux le communiquer ainsi. Il vaut mieux que tu dises ouvertement que tu es pris·e au dépourvu et que tu ne sais pas comment réagir correctement, plutôt que de dire quelque chose d’involontaire sous le coup de l’émotion. L’important est : sois honnête, mais ne fait pas culpabiliser la personne et montre ton soutien.

“Quels sont tes pronoms ?”

Si une personne te fait son coming out trans, demande-lui si elle utilise de nouveaux pronoms et lesquels, et si elle a un nom par lequel elle souhaite qu’on l’appelle désormais. Tu montreras ainsi que tu respectes l’identité de la personne.

Informe-toi

Réagir avec empathie à un coming-out est une bonne chose, mais cela ne suffit pas. Afin d’être présent pour les personnes qui t’entourent, tu devrais t’informer sur les thèmes queer – surtout si tu n’es pas queer toi-même. Cela te permettra de mieux comprendre la réalité de celleux qui t’entourent et les défis auxquels iels doivent faire face au quotidien. Familiarise-toi avec la terminologie – que signifie “non-binaire” ? Qu’est-ce que l’hétéronormativité ? Pourquoi les gens souhaitent-ils un langage inclusif et respectueux des genres ? Mais réfléchis aussi à la discrimination, interroge-toi sur les stéréotypes que tu perpétues inconsciemment et informe-toi sur l’histoire du mouvement LGBTQIA+. Tu n’as pas besoin de tout savoir du jour au lendemain – mais éduque-toi et montre ton intérêt.

Coming Out: Reaktion
(Image: Monstera Production/Pexels)

À ne pas faire

“Pourquoi tu n’as jamais rien dit ?”

Tu es peut-être déçu·e et tu aurais souhaité que la personne se confie à toi plus tôt. Cependant, il serait déplacé de lui faire des reproches car faire son coming out est un processus parfois long et pénible et les personnes ont souvent besoin de beaucoup de temps pour s’accepter et se révéler à elles-mêmes. Être ouvertement queer peut en outre être dangereux – il est donc compréhensible que les queers réfléchissent bien à qui iels se confient.

“Tu es sûr·e ?”

Again : Pars du principe que la personne n’a pas fait son coming out spontanément, mais qu’elle a longuement réfléchi à son identité. Car avec cette question, tu minimises ce processus. Cela fait mal aux gens d’entendre une telle chose alors qu’iels ont vécu un long et difficile processus de découverte de soi ou qu’iels se trouvent encore dans cette phase. Accepte sans condition le statut actuel d’une personne. Et si celui-ci change encore une fois – go with it. La sexualité et les identités de genre sont un spectre sur lequel les personnes se déplacent de manière plus ou moins fluide.

“Je m’en suis toujours douté·e”

Cette phrase peut être perçue de différentes manières. Certaines personnes queer se sentent ainsi vues et confirmées dans leur identité. D’un autre côté, de nombreux queers passent leur vie avant le coming-out à s’adapter et à se cacher. Entendre que tous ces efforts ont été vains peut être douloureux.

“Ça n’a pas d’importance”

Cette phrase peut également être ambivalente. Est-ce que tu veux dire par cette phrase que “Pour moi, cela ne change rien à notre relation, car je t’aime et te respecte inconditionnellement” ? Alors dis-le ainsi. Car ignorer ce sujet peut blesser profondément les personnes qui ont dépenser beaucoup d’énergie dans ce processus et paraitre comme une négation du travail qu’iels ont fourni en amont.

“Tu as un crush pour moi maintenant ?”

Félicitations pour ta confiance en toi et tes techniques de drague sans failles (ou presque) mais ce n’est pas parce qu’une personne est attirée par le genre auquel tu te sens appartenir qu’elle doit te trouver irrésistible. En disant ca, tu perpétues également une sexualisation systémique de la queer identité qui tend à décrédibiliser et fétichiser la parole de la personne qui fait son coming-out. Mais : si son coming-out te fait réfléchir et que tu vois soudain ton ami·e d’un autre œil, c’est peut-être ta queerness qui s’éveille – explore it 😉

Il ne s’agit pas de toi

Lorsque quelqu’un·e te fait son coming-out, prends le moins de place possible. Il ne s’agit pas de toi, mais de la personne qui fait son coming-out, de ce qu’elle ressent et de ce qui change dans sa vie. Le meilleur ami de ta sœur est aussi gay ? Tu as déjà regardé Brokeback Mountain et tu as trouvé l’histoire très touchante ? Cool ta vie, mais ça n’a pas d’importance pour l’instant.

Va le Googler !

Tu souhaites t’informer sur des sujets liés à la communauté LGBTQIA+ ? Alors fais des recherches et n’utilise pas tes camarades queer comme source d’information – surtout si iels viennent de faire leur coming-out auprès de toi. Un coming-out nécessite beaucoup de ressources personnelles et tu ne dois pas t’attendre à ce que la personne en question fasse en plus un travail éducatif gratuit pour toi. Bien sûr, les petites questions de compréhension et de clarification sont acceptables et peut-être que les personnes souhaitent même parler avec toi de thèmes queer. Mais ne t’impose pas. “Est-ce que tu veux parler de ce sujet ?” est toujours un bon début.

Des erreurs peuvent arriver

Même si tu fais l’effort de faire les choses bien, tu commettras certainement toujours des erreurs. Nous avons tous·tes grandi avec des stéréotypes et des préjugés et nous les reproduisons parfois inconsciemment. Il peut parfois t’arriver de mégenrer des personnes ou de les appeler par habitude par leur deadname, c’est-à-dire par l’ancien nom que la personne trans a abandonné. Tout cela est désagréable et douloureux, même si ce n’est pas fait avec une intention malveillante. Il est important de bien gérer ce genre de situation. Excuse-toi et corrige-toi, mais n’insiste pas trop longtemps sur la situation – car cela prolonge la situation désagréable pour la personne concernée. Très important, mais très difficile : apprends à gérer tes sentiments de honte. Les erreurs sont inévitables – l’important est d’en tirer des leçons et de ne pas sombrer dans la frustration ou même d’exprimer ton sentiment désagréable sur ton interlocuteur·ice.

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